Quelques rayons annonçant l'aube se faufilaient à travers les volets de ma chambre pour se déposer délicatement sur mon visage, me réveillant doucement juste avant la sonnerie horrible de mon réveil qui ne se fit pas attendre. Je me levai difficilement pour rejoindre la salle de bain et m'habiller avant de descendre prendre mon petit-déjeuner, attendant Naomi qui devait venir me chercher après avoir déposé Adèle, sa petite sœur, au collège. Je discutais un peu avec ma tante, ma mère étant déjà partie au travail et préparais mon sac de cours. En regardant par la fenêtre, je la vis arriver et j'ouvrais la porte avant qu'elle ne réveille la sonnette de la porte d'entrée, horrible démon encore endormi pour l'instant. Je n'ai jamais supporté quelconques alarmes ou sonneries et ce n'était pas près de s'arrêter, je les éviter autant que je pouvais mais en cours, c'était plutôt mission impossible.
Elle me salua en essayant tant bien que mal de sourire cachant les émotions que provoquaient en elle les souvenirs qui se réveillait doucement dans son cœur en ce funeste jour d'Octobre.
En effet, aujourd'hui nous étions le 1er Octobre, jour de son anniversaire. Jour de l'anniversaire de la mort de sa mère. Il y a 10 ans, j'avais dormi chez elle lorsque ce qui avait été qualifié de « braquage ayant mal tourné » se produisit.
Était avec nous, sa mère et ses deux sœurs, son père ayant disparu depuis des années. Nous allions nous coucher toutes les trois dans la grande chambre de Naomi et Adèle. Sa sœur allait elle dans sa chambre. Mais, alors que sa mère allait fermer la porte doucement, elle la ferma beaucoup plus violemment que ce à quoi nous nous attendions. Puis, nous avons entendu un cri, et un autre, plus aigu. Nous nous sommes levées et avons ouvert la porte pour apercevoir dans la pénombre, le corps de sa mère, par terre, baignant dans un sang qui brillait à la lueur des étoiles. Nous avons aussi vu une ombre, qui emportait sa sœur loin de nous, nous laissant seules et terrifiées. Nous sommes rentrées toutes les trois dans la chambre, avons fermé la porte et nous nous sommes prises dans les bras, tremblantes, en espérant que tout cela ne soit qu'un mauvais rêve ou plutôt, un cauchemar.
Les secours étaient arrivés peu après, mais c'était déjà trop tard. Et, le lendemain, la triste vérité était tombée devant nous, qui étions encore incrédules.
Après, Adèle et Naomi ont vécu dans une famille d'accueil qu'elles ont quittées il y a peu pour vivre seules désormais, ne supportant plus la présence des ces personnes qui essayait de se prendre pour leurs parents alors qu'il ne savait rien d'elles.
J'essayais de chasser les pensées noires qui m'envahissait de plus en plus au fil de mes pas sur l'asphalte. Je sentais craquer sous mes pieds les feuilles rouges et oranges de l'Automne qui devenait de plus en plus présent. Cette saison détestable. Nous arrivions devant le lycée où le soleil, qui pouvait désormais passer dans les arbres avec les feuilles qui tombaient, commençait à nous aveugler. Nous avons tourné notre regard et avons rejoins Lucile et Marion. Lucile en nous voyant arriver fit un signe de main et nous lança un sourire illuminant comme à son habitude, Marion, elle plongée dans un livre nous dit un simple «bonjour», mais nous étions habituées depuis. Nous discutions un peu puis la tache de naissance en forme de goutte se situant dans mon cou commença à me brûler légèrement. Je mis ma main dessus par réflexe et je voyais que les mains de mes amies se diriger également vers leur tâche de naissance. Ça ne dura que quelque secondes mais ça eu le don de m'interpeller quand même. Mais, lorsque la sonnerie se fit entendre,je n'y pensais plus et je me dirigeais en cours. Nous avions la chance d'être dans la même classe cette année, mais ça ne sera sûrement pas pareil en première...
Les cours se déroulait normalement mais je pensais encore à ce qui était arrivé ce matin et ainsi.
-ça vous dirait d'aller au parc après? Leur demandais-je
-Ouais, pourquoi pas. Me répondit Naomi
-Mais pourquoi tu veux aller là-bas? Dit Marion
-J'ai eu l'impression qu'il y avait un truc bizarre.
Nous retournions en cours au bruit de l'alarme. Je finissais les cours tranquillement puis nous nous rendions comme prévu à ce que nous appelions le «parc». En fait, c'était juste un simple tronc d'arbre devenu grisâtre au fil des années placés sur le bord d'une falaise sur laquelle nous pouvions voir la mer, qui était presque noire en ces mois-ci Nous ne savions plus exactement depuis quand nous venions ici. Ni depuis quand il se trouvait là. Certaines personnes disent qu'il y avait une forêt ici auparavant et qu'il en est le reste, d'autres que ce sont justes des personnes qui l'ont emmené ici pour contempler la «Dame Grise», nom de cette mer plutôt turbulente qui restait sombre en toutes saisons.
Mais, aujourd'hui, le vent qui soufflait sur la côté était plus fort que jamais. La mer venait se plaquait de plus en plus haut sur les géants qui régnait ici depuis des milliers d'années. Une peur indescriptible m'envahit mais je m'asseyais tout de même et commençait à raconter la chose étrange qui était arrivée ce matin, lors des premières lueurs du soleil qui avait disparu en fin de journée, cachés sous de sombre nuages présageant une pluie qui se faisait attendre.
«Vous n'avez pas remarqué quelque chose de bizarre ce matin? Vous savez à un moment...»
Je ne puis finir ma phrase, interrompue par un bruit des plus inquiétant. Nous nous sommes toutes retournées instinctivement et nous voyions, effrayés, une fissure sur la falaise qui s'élargissait de plus en plus. Nous ne pûmes réagir à temps que déjà, nous vîmes le bord de la falaise. Nous tombions. Je tentais dans un dernier élan de désespoir de rattraper,en vain, le bord qui était devant mes yeux, mais ma main dérapa avec la pluie qui venait de commencer et dont les grosse gouttes coulait sur la paroi de la falaise. Les dernières choses que je sentais fut le goût de l'eau salée sur mes lèvres et surtout, le froid qui m'envahissait. Puis je sombrais dans un profond sommeil.
Ce jour est vraiment maudit.